Nouvelles du paradis - La carte postale de vacances
Réalisée en partenariat avec les Archives nationales, l’exposition Nouvelles du paradis propose aux visiteurs plusieurs éclairages sur la carte postale de vacances (historique, sociologique, artistique...) au travers d’une scénographie lumineuse inspirée des vacances et des codes (photo)graphiques qui leur sont associés.
Si chacun a une histoire avec la carte postale, la connaissons-nous vraiment ? L’exposition offre pour la première fois aux visiteurs l’opportunité d’appréhender la carte postale sous tous ses aspects, à tous les stades de son existence :
1. Objet visuel : la fabrique du regard touristique
Depuis la fin du XIXe siècle, la carte postale joue un rôle clef dans la mise en images des territoires. Elle deviendra un rituel vacancier avec l’essor des congés payés et du tourisme de masse. Façonnant l'imaginaire visuel moderne de « l'ailleurs », elle participe à la construction d’une vision stéréotypée des territoires via la représentation de monuments emblématiques, bords de mer, sommets enneigés, personnages « typiques » ou scènes « pittoresques ».
2. Objet économique : l’essor d’une industrie
Soumis à une concurrence de plus en plus rude, les éditeurs de cartes postales, véritables entrepreneurs de l’image, convoitent les sites touristiques fréquentés, amendant sans cesse leurs collections pour qu’elles coïncident au mieux avec les goûts changeants des consommateurs, retouchant au besoin les photos pour, par exemple, ajouter un ciel bleu azur au point de vue « idéal ». En parallèle, ils développent de nouvelles stratégies publicitaires en créant une large variété de supports de promotion, présentés ici au public.
3. Objet de correspondance : l’émergence d’un rituel
Lors de l’apparition de la carte postale dans l’Europe des années 1870, dévoiler dans la sphère publique une correspondance associée à l’intimité fait débat. Progressivement, ses utilisateurs qui évaluent l’intérêt de ce support peu couteux et illustré, s’adaptent et inventent de nouvelles formes d’écriture, allant de la simple marque d’affection à la rédaction du récit condensé en quelques lignes.
Utilisée en correspondance, la carte postale agit comme un puissant vecteur de lien social, une pratique aujourd’hui supplantée par les réseaux sociaux. L’enquête photographique menée par Irène Jonas, sociologue et photographe, vise à collecter les dernières traces de ce phénomène social qui, malgré sa disparition imminente, demeure un témoignage poignant de notre histoire et de notre culture.
4. Objet de collection : une postérité inattendue
En plus de contribuer au lien social, la carte postale se veut support de documentation pour les amateurs de traditions et de contrées lointaines. Mieux, elle se hisse rapidement au rang d’objet de collection, à travers des circuits d’échange à l’échelle mondiale.
Les collections d’André Laville, Arnold Van Gennep, Albert Hagneaux, Jean-Marie Donat et Francis Laffon présentées dans l’exposition sont autant d’exemples d’approches différentes de la collection, entre science, loisirs, souvenirs et démarche artistique.
Le parcours de l’exposition prend fin sur le nouveau récit vacancier qui se perpétue à l’heure des réseaux sociaux sous une pratique associant texte et photo… à l’instar des cartes postales d’hier !